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15/05/2024

Initié en 2016, le projet “Bretagne Très Haut Débit” vise à développer un réseau public de fibre optique connectant 100 % des entreprises et des habitations bretonnes. Une ambition de service public rendue en partie possible grâce à la volonté des acteurs locaux et le fonds européens de développement régional.

 

L’expérience nous montre combien le développement des réseaux est important pour celui d’un pays ou d’une région. C’était vrai historiquement pour les transports ou l’énergie. Ça le reste aujourd’hui pour le numérique. Reste que, pour s’assurer de l’équilibre d’un territoire, il est important de veiller à ce que ces réseaux n’oublient personne en chemin. C’est l’ambition portée par Mégalis, un syndicat mixte créé en 1999 qui réunit la Région Bretagne administrative, 4 départements et ses 60 intercommunalités. Autrement dit toutes les collectivités territoriales de Bretagne. Avec un objectif déclaré : donner accès à la technologie très haut-débit à tous. « J'ai coutume de dire qu'on a réussi à faire l’assemblée de Bretagne » précise Stéphane Perrin-Sarzier, vice-président du syndicat.

« Mégalis s'est donné pour mission d'amener la fibre avec le parti pris de couvrir 100 % de la Bretagne. Ça a été un choix résolu des élus. »

 

        Un enjeu d’aménagement et d’attractivité du territoire

Cette volonté politique est ce qui fait la force du projet. Car développer un réseau de communication peut aussi s'avérer être source d’un déséquilibre si on ne prend pas soin de le faire pour tous. Généralement, le déploiement des réseaux numériques profite assez naturellement aux zones les plus denses, moins coûteuses à équiper pour une raison simple : déployer un réseau dans un quartier résidentiel revient forcément moins cher que tirer un câble pour connecter une maison isolée en campagne ou, à fortiori, sur une île. C’est particulièrement le cas pour une région périphérique comme la Bretagne, qui présente la particularité d’être extrêmement composite et d’accueillir chaque année de nouveaux habitants sollicitant à juste titre ce service. L’activité économique se fixant par nature là où les réseaux sont les plus efficaces, le déploiement du réseau est donc aussi une condition pour attirer et retenir les entreprises sur le territoire. Et contribue à son dynamisme. « L'éloignement géographique est complètement neutralisé grâce à la fibre » rappelle Stéphane Perrin-Sarzier, pour qui ce choix relève avant tout du service public.

« Avec le développement du télétravail aujourd'hui, c'est un sujet qui concerne aussi bien les particuliers que les entreprises. La capacité d’avoir la fibre partout est un sujet stratégique d’aménagement du territoire. »

 

        Financer pour accélérer le déploiement

Reste que cette volonté d’équité se devait de trouver les moyens de son financement. Car chercher à connecter tout le monde coûte cher. « Le coût moyen de la prise [de raccordement] est un peu inférieur à 1 200 euros avec des écarts très importants autour de cette moyennede 1 200 euros » précise Stéphane Perrin-Sarzier. « La prise la plus chère a coûté 38 000 euros. Si on n’avait pas visé le 100 % [de foyers connectés], celle-là n’aurait jamais été raccordée ». L’investissement total nécessaire au projet « Bretagne Très Haut Débit » s’élève à 1,7 milliard d’euros assuré en grande partie (48%)  par les collectivités bretonnes, avec le soutien de l’Etat. Le fonds européen de développement régional (FEDER) vient compléter ce financement à hauteur de 148 millions d’euros, permettant d’alléger les coûts des investissements des collectivités et d’accélérer considérablement le déploiement du réseau.

Initié en 2016 en trois phases avec pour ambition de raccorder 1,4 million de foyers et d’entreprises d'ici fin 2026, le chantier achève aujourd’hui sa deuxième phase. Au mois de février 2024, le cap des 500 000 foyers éligibles avait déjà été atteint. « L’intervention des fonds européens nous permet de pouvoir tenir l'horizon 2026 » nous dit Stéphane Perrin-Sarzier. Une fois achevé, le réseau restera la propriété de Mégalis et sera loué aux opérateurs de services numériques sur un principe de redevance leur permettant de l’emprunter. « Les recettes de location auprès des opérateurs vont permettre dans la durée de financer l’entretien du réseau » conclut-il. Un échange de bons procédés qui constitue toute la vertu du projet.

Photos du chantier Megalis

Chiffres clés

Un calendrier de déploiement en 3 phases :

2016 - 2020
2020-2023
2023 - 2026

 

Le projet demande un investissement total de 1,7 milliard d'euros

Cette somme est répartie selon différents acteurs :

  • Le bloc "collectivités" (la Région Bretagne,  les quatre départements et les Intercommunalités bretonnes) contribue à hauteur de  48% du financement
  •  L'État participe à hauteur de 14% dans le financement du projet
  • Les recettes liées à la délégation de service public représentent 29% des financements
  • Le FEDER participe au financement des phases 1 et 3 du projet à hauteur de 148 millions d'euros

 

Source : Nationale