Description
La Côte d'Or a toujours connu des périodes de grande sécheresse. Sur le sous-bassin du Bas Mont, situé dans la plaine dijonnaise, les producteurs, notamment les betteraviers, n'ont jamais eu la tâche facile pour irriguer leurs terres.
Nicolas Rossin, aujourd'hui Président de l'Association syndicale autorisée (ASA) d'irrigation du Bas Mont, se souvient de la pénibilité du travail et du caractère aléatoire de l'irrigation : « pour irriguer les productions, il fallait tirer sur de grandes longueurs des canalisations qui partaient de points d'eau éloignés des productions ». Un travail très difficile « surtout en tant que femme », renchérit Armelle Dubois, productrice de légumes et membre de l'ASA, qui précise : « il fallait raisonner de façon commune, et nous nous retrouvions parfois à déplacer ces canalisations la nuit pour faire face ensemble aux périodes de restrictions d'eau ». L'irrigation raisonnée est pourtant nécessaire pour assurer une production de qualité, notamment sur ce territoire, soumis à un climat semi-continental et donc marqué par de fortes variations climatiques. La canicule de 2003 a ainsi provoqué une perte de 80% de la production betteravière du secteur, suite à l'interdiction d'irriguer.
Gestion collective
Pour résoudre ce problème d'irrigation, les agriculteurs se sont regroupés pour mettre en place un système d'irrigation collective. L'objectif ? Améliorer la gestion de la ressource en eau par une répartition plus opportune des périodes de prélèvement dans le milieu naturel. L'eau est stockée dans des bassins artificiels alimentés, pendant l'hiver, lorsque la ressource est disponible. L'Association syndicale autorisée (ASA) du Bas Mont, dont le périmètre s'étend sur 7 communes, a vu le jour en 2004, grâce à l'investissement et à la volonté des producteurs. Elle regroupe aujourd'hui 14 membres, répartis sur 9 exploitations en polyculture.
Bassins de stockage
Après une course administrative et grâce à l'important appui de la DDT (ex DDEA) pour monter le dossier, les travaux ont commencé en 2007, et ont duré près de 2 ans. Trois bassins de stockage séparés d'une dizaine de kilomètres ont été construits pour couvrir la zone de production. Des réunions collectives sont organisées régulièrement pour fixer les besoins en eau de chaque exploitant. « Cette organisation est efficace, elle nous fait gagner du temps et du bien-être », précise Armelle. Chaque semaine, des bilans hydriques pour chaque culture sont réalisés par la Chambre d'Agriculture de Côte d'Or.
Mais suite à la fermeture des sucreries de la région, une reconversion des betteraviers à de nouvelles cultures s'est imposée. Pour assurer la rentabilité du bassin, il a fallu être réactif en termes de recherche de nouveaux partenaires, de nouveaux débouchés et de rachat de nouveaux matériels. Un changement qui ne se fait pas du jour au lendemain. Tous les irrigants de l'ASA du Bas-Mont sont aujourd'hui très fiers de cette réalisation qui non seulement sécurise leur production, mais leur offre également l'opportunité de s'adapter au marché grâce à l'accès à de nouveaux débouchés. Par ailleurs, les exploitants ont décidé de diversifier leurs cultures (oignon, pommes de terre, soja, maïs, etc.) et leurs débouchés (nouveaux contrats, mise en place d'un atelier de vente directe, etc.), afin de ne pas être dépendant financièrement d'une seule filière. Cette diversification n'aurait pas été possible sans le nouveau système d'irrigation.