Description
Les 2 et 3 décembre 2024, la Cité Internationale Universitaire de Paris a été le théâtre d’un événement incontournable : le Borders Forum 2024, organisé par la Mission Opérationnelle Transfrontalière (MOT). Cet événement a rassemblé plus de 300 participants venus des quatre coins de l’Europe pour discuter d’un projet ambitieux : imaginer un "cross-border deal" à l’horizon 2050.
Alors que l’Europe fait face à des crises multiples – climatiques, économiques, démocratiques – ce forum s’est imposé comme un espace de dialogue, de réflexion, mais aussi d’espoir. Car au-delà des frontières administratives, il existe un potentiel immense : celui des territoires transfrontaliers, où la coopération est synonyme d’innovation et de résilience.
Les frontières Européennes en chiffres
L’Europe compte 20 000 km de frontières terrestres, couvrant 40 % de son territoire et abritant 200 millions de citoyens, soit 1 Européen sur 3. Environ 2 millions de travailleurs frontaliers représentent 1 % de la population active de l’UE, atteignant parfois plus de 50 % dans certaines régions comme le nord lorrain ou la région genevoise.
La France est le pays le plus concerné par les flux transfrontaliers, avec près de 500 000 travailleurs transfrontaliers.
Moments-clés du Borders Forum : une Europe qui se connecte
Les échanges se sont articulés autour de dix ateliers thématiques, explorant des sujets aussi variés que la santé transfrontalière, le transport public ou encore la citoyenneté européenne. Ces ateliers ont donné naissance à des propositions concrètes pour améliorer la vie quotidienne des habitants des bassins de vie transfrontaliers.
Un des moments forts du Borders Forum a été l'Atelier 6, animé par l'Agence nationale de la cohésion des territoires, consacré à la planification écologique à l'échelle du bassin de vie transfrontalier. L’atelier a mis en lumière les opportunités pour les territoires français engagés dans des démarches de planification écologique d’élargir leurs réflexions, de renforcer les coopérations et de construire des plans d’action intégrant pleinement les acteurs transfrontaliers.
Un exemple marquant ? Le projet d’agglomération de mobilité transfrontalière du Grand Genève, où Français et Suisses collaborent pour des transports durables et une mobilité intégrée transfrontalière. Par ailleurs, la Conférence des Parties (COP) Régionale du Grand Est va davantage intégrer la dimension transfrontalière dans ses prochains travaux et consultations, reflétant l'importance de dépasser les frontières pour répondre à des défis écologiques partagés. Cette approche renforce l’efficacité des solutions et leur ancrage local.
La plénière de clôture a mis en lumière des idées audacieuses : rendre obligatoire la consultation des régions transfrontalières dans les plans d’action nationaux ou encore établir des services publics universels le long des frontières. Pour reprendre les propos de Sandro Gozi, eurodéputé : « Nous devons effacer les barrières invisibles au sein du marché intérieur et de l’espace Schengen. »
Les défis à relever : gouvernance et solidarité
Malgré les avancées, les défis restent nombreux. Les participants ont souligné l’urgence de :
- Renforcer les gouvernances transfrontalières pour gérer des enjeux comme l’eau, la biodiversité ou les transports.
- Mettre en place des mécanismes pour harmoniser les politiques nationales et locales.
- Mobiliser les citoyens en donnant plus de place à la participation citoyenne transfrontalière.
Le Borders Forum a également insisté sur l’importance de la volonté politique pour transformer les bonnes intentions en actions concrètes. Car si la coopération transfrontalière est une nécessité, elle exige des ressources, du temps, et surtout, un engagement durable de tous les acteurs impliqués.
Pourquoi cela compte pour les citoyens ?
Au-delà des chiffres et des discussions politiques, les résultats de la coopération transfrontalière touchent directement la vie des citoyens. De meilleurs transports, un accès simplifié aux soins de santé de l'autre côté de la frontière, et davantage d'opportunités culturelles sont autant d’exemples concrets.
Pour les habitants du Grand Est ou des Pyrénées, cela signifie moins de barrières et plus de connexions, qu’il s’agisse de trouver un emploi, de bénéficier de soins ou simplement de découvrir une culture voisine. En somme, ces projets illustrent une Europe qui se construit là où elle est souvent la plus tangible : sur ses frontières.
Vers 2050 : une vision commune
Le Borders Forum 2024 s’est conclu avec une ambition claire : bâtir une Europe transfrontalière forte, solidaire et inclusive. Les propositions issues des discussions montrent que, face aux crises, la réponse réside dans la coopération et l’innovation.
À travers des initiatives comme le data hub pour les régions frontalières ou le projet BridgeEU, l’Union européenne se donne les moyens d’effacer les frontières invisibles et de créer un véritable sentiment d’appartenance européenne.
Et si les territoires transfrontaliers devenaient le laboratoire d’une Europe plus résiliente ? Une Europe où solidarité rime avec prospérité, et où les défis d’aujourd’hui deviennent les opportunités de demain. « Et si on osait un cross-border deal » ne se résume pas à un slogan : c’est un appel à l’action, à imaginer ensemble une Europe audacieuse, innovante, et profondément humaine.